Voulez-vous m'épouser ? Nos ancêtres du célibat au divorce. (Part 4 - Passage obligé... les fiançailles)

Nos ancêtres et leurs fiançailles : entre bagues en or et cochons en dot... 

Aujourd'hui nous passons, de l'envie, de l'amour, de la cohabitation... au souhait (ou pas) de se marier...

sans étapes "obligées".

Eh bien, pour nos ancêtres, pour vos ancêtres, c'était étape par étape, et il fallait toutes les respecter.

Les fiançailles, qui ne sont plus vraiment de mise aujourd'hui et qui sont souvent perçues comme ayant été une simple formalité (voire de l'originalité), représentaient autrefois un acte hautement solennel et engageant.

De même, l’annonce des futurs mariages, en particulier à travers la procédure des publications des bans, a longtemps été une étape essentielle dans les unions de nos ancêtres.

Cette formalité permettait d'informer la communauté et de vérifier l'absence d'obstacles légaux ou religieux à l'union.

 

Pour nos ancêtres, cet événement marquait non seulement le début des préparatifs de mariage, mais aussi une étape cruciale où l’honneur, la réputation et l’alliance des familles entraient en jeu.

 

Du paysan modeste au noble influent, chacun accordait une importance capitale à cette étape, qui était bien plus qu'une promesse ... c’était un contrat social, souvent renforcé par des rituels précis et des célébrations fastueuses.

 


Tour d'horizon sur cette étape qui était, prenons-en conscience, "obligatoire" autrefois 


L'Antiquité – Fiançailles comme contrat social

Chez les Romains : des promesses solennelles

Dans la Rome antique, les fiançailles, ou "sponsalia", étaient principalement un engagement légal entre les familles des futurs époux. Cet acte formel donnait lieu à une cérémonie où un objet symbolique, souvent un anneau, était échangé entre les fiancés, mais sous le regard attentif des patriarches des familles. Les Romains voyaient dans les fiançailles un moyen d'officialiser une union avant le mariage.

Anecdote 1 : La fiancée surprise de Cicéron
Le célèbre orateur Cicéron, pourtant éloquent en politique, n'avait guère son mot à dire lorsqu'il fut fiancé à Terentia, issue d'une riche famille. Selon ses écrits, sa mère arrangea les fiançailles pendant son absence, et Cicéron ne rencontra sa future épouse qu’à la veille de la cérémonie. Ce récit provient des lettres personnelles de Cicéron, où il se montre peu enthousiaste sur cet engagement préarrangé .

Source : Cicéron, Lettres à Atticus

.

Anecdote 2 : La dot surprise de Caton l'Ancien
Caton l'Ancien insista pour que sa fille soit fiancée à un homme de peu de fortune, car il pensait que cela forgerait le caractère de sa fille. La famille du fiancé, surprise, s'attendait à une dot massive, mais Caton leur remit une modeste somme en disant : "Ce n’est pas l’or qui fait un mariage, mais le courage." Cette histoire est attestée par l'historien Plutarque dans sa biographie de Caton.

Source : Plutarque, Vies parallèles, Vie de Caton l’Ancien.


En Grèce : entre rituel et pragmatisme

En Grèce antique, les fiançailles, appelées "engyê", étaient conclues entre les familles, avec peu d'interactions directes entre les futurs mariés.

L'accord était scellé par un sacrifice aux dieux domestiques, et souvent, les fiancés ne se voyaient pas avant le mariage. Les fiançailles étaient, avant tout, une garantie de la transmission de la propriété et de la lignée.

Anecdote : La ruse de Solon
Solon, célèbre législateur d’Athènes, aurait arrangé des fiançailles pour sa nièce avec un riche propriétaire terrien. Selon la légende, il choisit exprès un jour de grand vent pour la cérémonie, afin que la future belle-famille pense que sa nièce avait une santé robuste à en supporter les intempéries. Une anecdote amusante, bien que probablement apocryphe, racontée par Diogène Laërce .

Source : Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres

.


Le Moyen Âge – Fiançailles, alliances et rituels

Noblesse : une alliance politique avant tout

Pour les nobles du Moyen Âge, les fiançailles étaient avant tout un pacte stratégique entre familles influentes. Elles permettaient d'assurer des alliances militaires et économiques. Le fiancé offrait souvent des présents fastueux à sa promise et à sa famille. Les fiançailles se déroulaient en grande pompe, parfois accompagnées de banquets somptueux, et l’échange de promesses incluait des serments juridiques.

Anecdote 1 : Les fiançailles fastueuses de Guillaume le Conquérant
Les fiançailles de Guillaume le Conquérant avec Mathilde de Flandre sont restées célèbres pour leur éclat. Selon la légende, Guillaume, désireux de prouver sa valeur à sa fiancée, traversa la Manche et offrit à Mathilde une épée ornée d’or. Ce geste aurait symbolisé la protection qu’il lui promettait. Historiquement, cet épisode reste incertain, mais les historiens s'accordent à dire que les fiançailles furent grandioses .

Source : Chroniques d'Orderic Vital, Historia ecclesiastica

.

Anecdote 2 : La bague empoisonnée de Béatrice de Bourgogne
Une légende médiévale raconte que Béatrice de Bourgogne reçut lors de ses fiançailles une bague empoisonnée de la part de l’un des prétendants éconduits. Heureusement, son fiancé Henri III fit tester le bijou sur un serviteur avant de l’offrir. Cette histoire dramatique, bien que captivante, relève du folklore plus que de faits historiques .

Source : Légende médiévale, recueillie dans le folklore bourguignon.

Paysans : modestie et simplicité

Chez les paysans, les fiançailles étaient bien plus simples. Elles consistaient en une promesse échangée entre les familles des jeunes gens, souvent devant le prêtre local. La dot était souvent modeste, composée de quelques biens ou d'animaux. Le jour des fiançailles était parfois accompagné d'une petite fête, mais sans le faste des seigneurs.

Anecdote : Le cochon de fiançailles
Une vieille coutume bretonne voulait que, lors des fiançailles, la famille du fiancé offre un cochon à la famille de la fiancée, en gage de prospérité future. Cette tradition se retrouve encore dans les récits du folklore breton.

Source : Jean Markale, Les Celtes et la tradition bretonne.

Moyen Âge : les fiançailles et la première annonce

Au Moyen Âge, le mariage était principalement un contrat social et économique entre deux familles, souvent conclu après des fiançailles formelles. Cependant, l'Église jouait un rôle central dans l'officialisation des unions.

  • Les fiançailles publiques étaient souvent la première étape officielle de l’annonce du mariage. Celles-ci étaient parfois accompagnées d’un échange de cadeaux (comme une bague ou des objets symboliques) et se faisaient devant témoins. Cette cérémonie informelle servait à annoncer l'intention de mariage à la communauté, bien qu’elle n’ait pas encore le caractère formel que prendra la publication des bans.
  • Publication des bans à l'église : À partir du IVe Concile du Latran en 1215, l’Église catholique imposa la publication des bans avant le mariage. Cette procédure consistait à annoncer publiquement, généralement à la messe dominicale, l’intention de mariage. Les bans devaient être proclamés sur trois dimanches ou jours de fête consécutifs, afin que toute personne connaissant un empêchement (parenté, bigamie, vœux religieux, etc.) puisse s’y opposer. Cette règle visait à garantir que le mariage se fasse en toute transparence et qu'il respecte les lois de l'Église.

Renaissance – Entre faste et stratégie matrimoniale

Noblesse : des fiançailles grandioses

À la Renaissance, les fiançailles étaient synonymes de luxe et d'extravagance, surtout parmi la noblesse. Des banquets étaient organisés pour marquer cet événement, et les familles des fiancés rivalisaient de splendeur dans l’échange de cadeaux.

Anecdote 1 : Les fiançailles inoubliables de Catherine de Médicis
Les fiançailles de Catherine de Médicis avec Henri, duc d’Orléans, futur Henri II, furent un véritable spectacle. Pour impressionner la cour française, la famille Médicis offrit à Henri une statue de marbre le représentant en héros grec, accompagnée d’un coffret de bijoux. Ces cadeaux somptueux sont bien documentés par les chroniqueurs de l’époque .

Source : Brantôme, Vies des dames illustres.

Anecdote 2 : François Ier et le cadeau empoisonné
François Ier offrit lors de ses fiançailles avec Claude de France une bague représentant un serpent enroulé, symbole d’éternité. Selon les rumeurs de cour, cet anneau aurait été choisi par le roi pour symboliser le venin politique qui entourait leur union. Cette anecdote est souvent perçue comme une métaphore politique plus qu'un fait historique avéré.

Source : Chroniques de Brantôme, Vies des grands capitaines français.

Renaissance et époque moderne : formalisation des bans

La Renaissance et les siècles suivants marquent une formalisation croissante des procédures de mariage, tant pour les nobles que pour les roturiers.

  • Règles plus strictes : Aux XVIe et XVIIe siècles, l’Église continua de jouer un rôle clé dans la gestion des mariages. La publication des bans restait obligatoire, et ceux-ci devaient être affichés publiquement à la porte de l’église, souvent dans le village ou la paroisse des deux époux. Cela offrait une visibilité maximale à la communauté et permettait d’éviter des mariages secrets, toujours mal perçus.
  • Les dispenses des bans : Il était possible de demander une dispense des bans auprès des autorités ecclésiastiques ou royales (souvent moyennant finance) dans certains cas particuliers, par exemple pour les mariages en urgence ou pour les familles nobles qui souhaitaient limiter la publicité de leur union.
  • Les oppositions et empêchements : Toute personne qui connaissait un empêchement légitime, comme une parenté trop proche, un engagement religieux ou un précédent mariage non dissous, pouvait s’opposer publiquement à l’union. Dans ce cas, l'Église enquêtait pour vérifier la validité des objections.

XVIIIe siècle : vers une laïcisation progressive

À la fin du XVIIIe siècle, particulièrement après la Révolution française de 1789, la gestion des mariages commença à être partagée entre l'Église et l'État.

  • Les bans sous l'Ancien Régime : Avant la Révolution, la publication des bans était toujours contrôlée par l'Église. Cependant, la proclamation devait également être faite dans la paroisse d'origine de chacun des fiancés, ce qui pouvait poser problème pour les couples venant de régions différentes ou souhaitant cacher leur union. Les bans étaient lus et affichés sur la porte de l’église.
  • La Révolution et l’introduction du mariage civil : En 1792, avec la laïcisation du mariage sous la Révolution, la publication des bans devint une procédure civile. L'État prit le contrôle de l'enregistrement des mariages, et les publications devaient désormais être faites dans les mairies et non plus uniquement dans les églises. Cela marqua une rupture avec l'ère de l'Église seule responsable des mariages. Les bans devaient être affichés pendant 10 jours à la mairie, permettant à toute personne de faire opposition si elle connaissait un obstacle légal à l’union (bigamie, lien de parenté interdit, etc.).

XIXe siècle – L'émergence du romantisme bourgeois

La bourgeoisie : entre amour et devoir

À partir du XIXe siècle, les fiançailles deviennent plus "romantiques", surtout au sein de la bourgeoisie. Le fiancé offrait souvent une bague sertie de pierres précieuses, et des festivités étaient organisées pour officialiser l'engagement.

Anecdote 1 : La bague en or de Victor Hugo
Victor Hugo, bien qu’épris d’Adèle Foucher, n’eut pas les moyens d'offrir une bague luxueuse. Il se contenta d’une simple bague en or, gravée de leurs initiales, qu’il fit lui-même polir par un artisan local. Ce fait est confirmé dans ses lettres où il relate ses modestes débuts .

Source : Lettres de Victor Hugo, 1822.

Anecdote 2 : La demande insolite du boulanger
Un boulanger parisien, lors de ses fiançailles en 1890, décida d’inscrire "Bientôt mariés !" sur tous les pains vendus dans sa boutique pendant une semaine. Ce geste, aussi excentrique qu’amusant, fit sensation dans tout le quartier.

Source : Anecdote tirée du folklore parisien.

XIXe siècle : la publication des bans dans les mairies

Au XIXe siècle, les publications des bans devinrent une procédure principalement administrative. L'État continua de formaliser le mariage civil comme étape préalable à toute union religieuse.

  • Affichage obligatoire : Les bans étaient affichés à la mairie du lieu de résidence des futurs époux. Comme auparavant, ils devaient rester visibles pendant 10 jours, et l’union ne pouvait être célébrée avant ce délai, à moins de disposer d'une dérogation spéciale.
  • Les fiançailles : Bien que la publication des bans ait lieu dans le cadre du mariage civil, les fiançailles restaient une tradition importante. Elles servaient souvent de première annonce semi-officielle, et dans les milieux bourgeois et aristocratiques, elles prenaient parfois la forme d’une fête réunissant les familles proches.

XXe siècle : la procédure modernisée

Dans le courant du XXe siècle, la procédure des publications des bans fut allégée, mais elle reste en vigueur dans de nombreux pays, notamment en France.

  • Les bans aujourd’hui : En France, la publication des bans est toujours obligatoire avant le mariage civil. Les noms des futurs époux, leur profession, leur adresse et le lieu où sera célébré le mariage doivent être affichés à la mairie pendant une durée minimale de 10 jours. Cela permet toujours à toute personne de s'opposer au mariage pour des raisons légales. Cette formalité est surtout symbolique aujourd'hui, car les objections publiques sont devenues rares.
  • Une formalité avant tout administrative : Avec l'évolution des pratiques sociales et la disparition progressive des objections au mariage, les publications des bans sont devenues une simple formalité administrative. Toutefois, pour les amateurs de généalogie, elles sont une source précieuse d'informations historiques, car les bans permettent de retracer les unions et d'identifier les lieux de résidence des ancêtres.

Et la bague de fiançailles dans tout ça ???


Autrefois, l’offrande de la bague de fiançailles variait selon les époques et les contextes sociaux, mais elle marquait généralement un moment clé dans les traditions de demande en mariage.


Moyen Âge : la bague, symbole d’engagement public

Au Moyen Âge, la bague de fiançailles commença à être utilisée comme symbole d'engagement avant le mariage. Elle était souvent offerte lors de la "promesse de mariage" (les fiançailles officielles), qui était un accord formel entre les familles, parfois même avant que les jeunes gens concernés ne se connaissent bien. Cet échange avait un caractère contractuel et légal, lié à l’honneur familial et aux alliances entre clans ou seigneuries. La bague, généralement en or ou argent, symbolisait la fidélité et l'accord entre les familles.


Renaissance : le début de la bague précieuse

Pendant la Renaissance, la bague de fiançailles prend une dimension plus personnelle, notamment chez les nobles et les riches bourgeois. L’une des premières bagues de fiançailles précieuses connues a été offerte par l'archiduc Maximilien d'Autriche à Marie de Bourgogne en 1477. C'est à cette époque que le diamant commence à être associé aux fiançailles. La bague était offerte après l'"accord officiel" des familles mais avant le mariage, marquant l'intention formelle de se marier. Elle pouvait être offerte lors d'une cérémonie de fiançailles, entourée des proches et de témoins.


XVIIIe - XIXe siècles : formalisation de l’offrande

Au XVIIIe siècle, la coutume de la bague de fiançailles s’élargit dans la bourgeoisie et devient plus courante chez les classes moyennes. Elle était généralement offerte lors des fiançailles, après que le père de la mariée ait donné son consentement. Cette période correspondait à un engagement formel, mais les fiançailles n’étaient pas toujours un grand événement public. La bague, parfois ornée de pierres semi-précieuses, symbolisait l’engagement personnel, plus qu’une alliance politique ou économique comme par le passé.


XIXe siècle : la bague romantique

À l'époque victorienne (1837-1901), la bague de fiançailles devient un geste romantique important, et elle est souvent associée à une cérémonie privée et symbolique entre les futurs époux. Elle est offerte après une demande en mariage privée. Les bagues victoriennes étaient souvent très décorées, avec des motifs floraux ou des pierres colorées (comme le saphir ou l'opale), reflétant l’importance sentimentale et personnelle du geste.


XXe siècle : généralisation du diamant et le moment moderne

C'est à partir du XXe siècle, sous l'influence des campagnes publicitaires (notamment celle de De Beers dans les années 1930), que le diamant devient la pierre incontournable pour les bagues de fiançailles. Désormais, la bague est offerte au moment même de la demande en mariage, généralement lors d’un moment intime et romantique, marquant une évolution vers une personnalisation du rituel.


Ainsi, autrefois, la bague de fiançailles pouvait être offerte soit lors des fiançailles officielles en présence des familles, soit plus tardivement, après l'accord parental, ou encore dans un cadre plus intime au fil des époques.


Bon... Bans publiés ? Ok. Bague de fiançailles offerte ? OK.

 

Pour ceux qui auraient (encore) envie de se marier à ce stade... étape suivante



Ajouter un commentaire

Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire.