Psychogénéalogie... Dénouer les secrets familiaux pour mieux se comprendre ? (Part 2 - Cas documentés)

Traumatismes familiaux et répétitions inconscientes : Et si vous héritiez des émotions de vos ancêtres ?

Plusieurs cas marquants ont été évoqués par les partisans de la psychogénéalogie pour appuyer l’idée d’une transmission transgénérationnelle des traumatismes et des secrets familiaux.

Bien que ces histoires ne puissent pas être considérées comme des preuves scientifiques rigoureuses, elles offrent des illustrations fascinantes des concepts psychogénéalogiques.

 

Voici dix exemples notoires 


1 - Le cas des descendants des survivants de l'Holocauste

Un des cas les plus étudiés, bien que dans un cadre plus scientifique que purement psychogénéalogique, concerne les descendants de survivants de l'Holocauste. Les travaux de Rachel Yehuda, psychiatre et chercheuse en épigénétique, montrent que ces descendants présentent souvent des niveaux accrus de stress et de troubles psychologiques, même s'ils n'ont pas vécu directement les événements traumatisants.

Une étude a révélé que les enfants de survivants avaient des altérations épigénétiques, notamment au niveau des récepteurs de cortisol, une hormone impliquée dans la réponse au stress (Yehuda et al., 2016).

Impact psychogénéalogique : Ces résultats sont parfois interprétés à la lumière des concepts psychogénéalogiques. Le traumatisme collectif des grands-parents semble avoir laissé une "marque" chez les générations suivantes, traduisant une transmission biologique mais aussi symbolique de ce traumatisme.

Ce cas appuie l’idée que les descendants peuvent être affectés émotionnellement et psychologiquement par des événements qui ne les ont pas directement touchés.


2 - Le "syndrome d’anniversaire" dans le cas d’Anne Ancelin Schützenberger

L'un des cas emblématiques souvent rapporté par Anne Ancelin Schützenberger concerne un patient qui souffrait de troubles de santé à une date précise chaque année. Après avoir exploré son histoire familiale, ils ont découvert que cette date correspondait à l'anniversaire de la mort tragique de son grand-père, un événement dont il n'avait pas conscience.

Impact psychogénéalogique : Ce "syndrome d’anniversaire" est une illustration typique de la psychogénéalogie. Selon Schützenberger, cet homme répétait inconsciemment les symptômes et la souffrance associée à cet événement familial non résolu. Une fois ce lien établi, la personne a pu progressivement se libérer de ce fardeau psychologique. Ce cas est utilisé pour illustrer la manière dont des événements traumatiques peuvent resurgir de façon symbolique à travers les générations.


3 - L’histoire des Kennedy : une famille marquée par la répétition tragique

La famille Kennedy est souvent citée dans des discussions sur la psychogénéalogie en raison de la série de tragédies qui a frappé plusieurs de ses membres au fil des générations. Des événements tels que l’assassinat de John F. Kennedy en 1963 et celui de Robert Kennedy en 1968, ainsi que les morts accidentelles de plusieurs autres membres de la famille, ont souvent été analysés sous l’angle de schémas familiaux tragiques.

Impact psychogénéalogique : Certains experts en psychogénéalogie estiment que ces événements reflètent des "répétitions" familiales. Bien qu'il soit difficile de prouver une relation directe entre ces tragédies et un héritage transgénérationnel inconscient, la succession d'événements tragiques dans cette famille a conduit à des spéculations sur l'existence d'une malédiction familiale ou de schémas non résolus.


4 - Le cas de Claire, analysé par Anne Ancelin Schützenberger

Dans son livre Aïe, mes aïeux !, Anne Ancelin Schützenberger rapporte également le cas de Claire, une patiente souffrant d’anxiété inexpliquée à l’âge de 35 ans. Après une enquête psychogénéalogique, il a été découvert que sa grand-mère avait perdu un enfant à cet âge exact. Ce traumatisme, resté inconscient dans la famille, semblait ressurgir dans la vie de Claire à travers une manifestation anxieuse.


5 - La répétition des suicides chez les Touvier

Un autre cas marquant souvent évoqué en lien avec la psychogénéalogie est celui de la famille Touvier. Paul Touvier, ancien chef de la Milice française sous le régime de Vichy, a été jugé pour crimes contre l'humanité. Ce qui est troublant dans cette affaire, c'est que plusieurs membres de sa famille se sont suicidés à des moments différents, souvent dans des circonstances similaires.

Impact psychogénéalogique : Certains spécialistes de la psychogénéalogie, dont Didier Dumas, ont interprété ces suicides répétitifs comme des répercussions des non-dits, de la culpabilité et du poids des secrets familiaux. La répétition de ces événements tragiques sur plusieurs générations illustre ce que la psychogénéalogie appelle des "répétitions transgénérationnelles", où des conflits ou des traumas non résolus se manifestent de manière récurrente dans une famille.


6 - Les descendants des victimes de la famine aux Pays-Bas

Une autre étude importante a été menée sur les enfants nés après la famine néerlandaise de 1944-1945 (aussi appelée "Hongerwinter"- Hiver de la faim), pendant la Seconde Guerre mondiale.

Des chercheurs ont constaté que les enfants de femmes ayant subi la famine durant leur grossesse présentaient une prédisposition plus élevée aux maladies métaboliques, à l'obésité et aux troubles psychiatriques.

Ces découvertes, bien qu'elles s'inscrivent principalement dans le cadre de la recherche en épigénétique, sont souvent citées pour illustrer la transmission d’un traumatisme biologique.

Impact psychogénéalogique : Pour les défenseurs de la psychogénéalogie, ce type de cas illustre comment les expériences traumatiques des générations précédentes peuvent avoir un impact sur la santé et le bien-être des descendants, confirmant l’idée que le passé familial peut influencer le présent d’une manière invisible mais puissante.


7 - Le cas des survivants de la Shoah : Héritage des traumatismes

8 - Le cas de Françoise Dolto et la parole libératrice

Dans une étude menée par Rachel Yehuda, spécialiste du stress post-traumatique, les enfants des survivants de l’Holocauste ont montré des niveaux anormalement élevés de cortisol, une hormone liée au stress, et ce, même s'ils n'ont pas eux-mêmes vécu de situations traumatiques.

Les chercheurs ont suggéré que ce stress biologique a été transmis par le biais de mécanismes épigénétiques, prouvant ainsi une forme de transmission non génétique des traumatismes.

(Yehuda et al., 2014)

La célèbre psychanalyste Françoise Dolto a souvent raconté comment elle avait découvert dans ses propres consultations l'impact des secrets familiaux non résolus. Elle évoque notamment le cas d'un jeune garçon qui développait un mutisme et une phobie scolaire. Après des recherches sur son arbre généalogique, il est apparu que son grand-père paternel avait vécu une traumatisante faillite familiale, jamais évoquée. Une fois ce secret mis en lumière et discuté en famille, l’enfant a progressivement retrouvé la parole. 

(Dolto, 1985)


9 - Le syndrome d'anniversaire : Répétition des événements familiaux

Le "syndrome d'anniversaire" est un concept souvent abordé en psychogénéalogie. Il décrit des répétitions de maladies, de décès ou d’événements marquants à des dates précises dans la famille. Un cas emblématique est celui d'une femme qui a développé un cancer du sein à 42 ans, l'âge exact auquel sa mère et sa grand-mère sont également tombées malades. Cette répétition de l'âge et du type de maladie a mis en lumière un schéma transgénérationnel. 

(Schützenberger, 1993)

10 - Le cas de Claude – Libérer la parole pour dénouer les nœuds familiaux

Claude souffrait d'une profonde angoisse chaque fois qu'il envisageait de déménager, bien que rien ne justifiait cette peur. Une exploration généalogique a révélé que plusieurs de ses ancêtres avaient été déracinés et forcés de quitter leur terre natale dans des conditions tragiques. Ce traumatisme s'était inscrit dans son inconscient et se manifestait par sa peur du changement.

(De Zorzi, 2016)


Conclusion succincte et non exhaustive

Ces exemples, bien qu'impressionnants, soulèvent des questions sur la frontière entre la psychogénéalogie et des phénomènes plus largement reconnus comme l’épigénétique.

Bien que les preuves scientifiques directes en faveur de la psychogénéalogie soient encore insuffisantes, ces cas illustrent des schémas intrigants de transmission transgénérationnelle.

Pour les partisans de la psychogénéalogie, ils constituent des preuves empiriques que les traumatismes, secrets et événements non résolus peuvent se manifester à travers les générations, influençant la vie des descendants sans qu'ils en soient conscients.

Néanmoins, il est important de noter que ces cas sont souvent critiqués pour leur nature anecdotique, et que des études plus rigoureuses seraient nécessaires pour établir un lien de causalité direct entre les événements familiaux passés et les symptômes psychologiques actuels.

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