Saviez-vous que chaque bébé laisse une trace biologique dans le corps de sa mère, trace qui y persiste toute sa vie ?

Cela peut sembler tiré d’un scénario de science-fiction, mais il s'agit en réalité d'une fascinante découverte scientifique appelée microchimérisme fœtal.
Cette étrange empreinte des bébés dans le corps des mamans, ce phénomène, aussi mystérieux que réel, pourrait même établir un lien surprenant avec la généalogie, en liant "cellulairement" le passé, le présent et... le futur.
Le microchimérisme foetal est tout sauf... chimérique.
Quand nos ancêtres laissent une trace... dans nos cellules !
Petit tour d'horizon
Le microchimérisme fœtal, c’est quoi exactement ?

Le microchimérisme fœtal est un phénomène biologique où des cellules fœtales traversent le placenta pendant la grossesse et s’installent dans le corps de la mère. On a pu les retrouver dans des tissus variés tels que, cœur, foie, poumons, peau et même... le cerveau.
Ce transfert cellulaire, qui se produit dès les premières semaines de gestation, signifie que chaque mère porte en elle une sorte de "souvenir" biologique de ses enfants, et ce, pour le reste de sa vie car ces cellules ne disparaissent pas une fois la grossesse terminée.

Mais attendez, cela devient encore plus surprenant. Des études ont montré que ces cellules fœtales peuvent avoir un rôle bénéfique, notamment en favorisant la régénération de tissus endommagés chez la mère. En quelque sorte, le bébé "répare" sa maman !
D’un autre côté, ce même phénomène pourrait être lié à certaines maladies auto-immunes chez les femmes, où ces cellules fœtales sont perçues par le système immunitaire comme des intrus, déclenchant des réponses inflammatoires.

En clair, cela signifie que si vous êtes mère, il est probable que vous portiez en vous des cellules provenant de chacun de vos enfants, et ce, pour le reste de votre vie.
Mieux encore : si votre mère a eu des enfants avant vous, il est possible qu'elle ait conservé des cellules de vos frères et sœurs aînés, qui, elles-mêmes, pourraient peut-être être passées en vous.
Le microchimérisme ne se contenterait pas de remonter d’une génération, il pourrait aller bien plus loin !
Anecdote :
En 2012, une étude a montré que 63 % des mères de garçons portaient encore des cellules provenant de leurs fils dans leur cerveau, parfois des dizaines d’années après la naissance. Voilà une manière pour les enfants de ne jamais vraiment quitter le nid !
Source : Lee Nelson et al., American Journal of Reproductive Immunology (2012).

Pourquoi ces traces persistent-elles ?

La science a longtemps cherché à comprendre pourquoi ces cellules s'accrochent aussi fermement au corps de la mère.
Une théorie intéressante est que cette rémanence biologique pourrait avoir une fonction évolutive, garantissant une meilleure protection pour la mère et donc pour ses futures grossesses.
... On découvre aujourd’hui que ces cellules migrantes ne sont pas là par hasard, et qu’elles ont peut-être joué un rôle dans la survie de l’espèce humaine.

Le microchimérisme et les hommes... Transmission possible aux descendants ?

En ce qui concerne la transmission des cellules d'un homme à ses descendants, la situation est différente.
En général, un homme ne transmet pas directement les cellules étrangères qu'il pourrait avoir dans son corps à ses descendants. La transmission génétique se fait principalement par le biais des spermatozoïdes, qui contiennent l'ADN du père, mais pas les cellules étrangères qui pourraient être présentes dans son organisme.
Par exemple, les cellules étrangères, comme celles issues d'une exposition à des infections ou des greffes, ne sont pas transmises par ce biais.
il existe des recherches sur la possibilité que certaines informations immunologiques ou des marqueurs puissent être transmis par les spermatozoïdes, mais cela ne signifie pas que les cellules elles-mêmes ou leur ADN soient transmis. Les mécanismes de transmission génétique sont très spécifiques, et le matériel génétique contenu dans les spermatozoïdes est principalement celui du père.
À l'heure actuelle des connaissances, le microchimérisme fœtal, qui se produit pendant la grossesse, est principalement le résultat des échanges cellulaires entre la mère et le fœtus.
Pendant la grossesse, des cellules du fœtus peuvent traverser le placenta et entrer dans la circulation sanguine de la mère, et vice versa. Ce phénomène de transfert cellulaire est ce qui permet la présence de cellules étrangères dans le corps de la mère.
Ces échanges sont facilités par la proximité physique et les connexions biologiques qui se forment pendant la gestation. Cela signifie que, dans le contexte du microchimérisme, c'est effectivement cette relation unique et les interactions biologiques qui permettent le transfert de cellules entre la mère et l'enfant.
Il convient cependant de noter que des études sur le microchimérisme continuent d'évoluer, et que de nouvelles découvertes pourraient apporter des éclaircissements supplémentaires sur ce sujet.
Le microchimérisme et les ancêtres : des connexions cachées ?

Imaginez que vous portiez littéralement en vous une partie de vos enfants, de vos petits-enfants et même, potentiellement, de vos propres parents.
Le microchimérisme est un pont biologique entre les générations, une sorte de chaîne cellulaire invisible qui relie les membres d’une même famille à travers le temps.
Si la généalogie cherche à comprendre d’où nous venons en retraçant nos ancêtres, le microchimérisme, lui, pourrait révéler qu’ils sont littéralement encore présents en nous.

Et la généalogie dans tout ça ? En tant que généalogiste, on cherche à découvrir nos racines et à comprendre d’où l’on vient.
Eh bien, il se pourrait que chaque mère porte en elle une trace biologique tangible de ses ancêtres via ce microchimérisme.
Imaginons : si votre grand-mère porte encore en elle des cellules de votre père, elle pourrait, d’une certaine manière, garder une "trace biologique" de vous également.

Cela ne signifie pas que vous pouvez remonter votre arbre généalogique en analysant le foie de votre grand-mère (heureusement pour vous et elle !), mais cela souligne à quel point notre histoire familiale est profondément ancrée dans notre corps.
D’un point de vue généalogique, ce phénomène témoigne de la manière mystérieuse dont les générations s’entrelacent, non seulement par des histoires et des archives, mais aussi par des traces biologiques invisibles, une forme de transmission familiale que nous ne soupçonnions même pas.
Anecdote :
En 2015, une étude a révélé que des cellules fœtales pouvaient migrer dans le cœur des mères et participer à la réparation des tissus cardiaques après un infarctus. Ce n’est pas juste un lien émotionnel qui existe entre une mère et son enfant, mais un lien biologique capable de soigner.
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Source : Khosrotehrani et al., Circulation Research (2015)

Que pourrait nous apprendre le microchimérisme fœtal à l’avenir ?
Si aujourd’hui les chercheurs se concentrent sur l’impact du microchimérisme sur la santé des mères et des enfants, il est possible qu’à l’avenir, cette science révèle des pistes révolutionnaires pour la médecine, mais aussi pour la compréhension de nos lignées familiales
Des études récentes montrent un grand intérêt pour le rôle des cellules fœtales dans la régénération tissulaire et la lutte contre certaines maladies chroniques. À l’avenir, cela pourrait permettre de créer de nouvelles thérapies basées sur le microchimérisme pour améliorer la régénération des organes
Plus intrigant encore, certains chercheurs se demandent si les cellules fœtales porteraient des informations génétiques uniques, qui pourraient aider à retracer l’histoire biologique de nos ancêtres au-delà de l’ADN transmis par les gamètes.
Étude en cours :
Le projet "Mother-Child Chimerism Project", dirigé par le Dr. J. Lee Nelson à l’université de Washington, explore les implications génétiques du microchimérisme fœtal, en cherchant à comprendre comment ces cellules pourraient influencer l’évolution de certaines caractéristiques héréditaires sur plusieurs générations.
Source : J. Lee Nelson et al., Journal of Clinical Investigation (2020).

Peut-on utiliser le microchimérisme pour retracer nos ancêtres ?
Même si la science n’en est qu’à ses débuts sur ce sujet, on peut déjà imaginer comment, à l’avenir, des tests génétiques basés sur le microchimérisme pourraient compléter la généalogie traditionnelle.
En plus des tests ADN actuels, on pourrait peut-être un jour étudier les cellules fœtales transmises au fil des générations pour reconstituer des arbres généalogiques cellulaires.

Les implications pour la généalogie sont potentiellement vastes :
Au lieu de simplement étudier des traces d'ADN dans notre code génétique, nous pourrions explorer les cellules étrangères héritées, provenant de nos ancêtres et de leurs descendants, qui pourraient être présentes dans nos tissus.
Alors, vos ancêtres sont-ils réellement définitivement partis ?
Avec le microchimérisme, la réponse pourrait bien être ‘non’.
La généalogie vient de prendre une nouvelle dimension... microscopique.
Cette dernière nous apprendra peut-être un jour que nos ancêtres ne nous ont jamais vraiment quittés..."
... Qui aurait cru que nos cellules cachaient tant de secrets de famille ?
Et le microchimérisme familial c'est quoi ?
Saviez-vous que nous portons peut-être en nous des cellules vivantes de nos frères et sœurs ?

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