Témoignages du passé : la mémoire vive que l’école ne raconte pas

Chaque famille porte en elle des chapitres d’Histoire que les livres ont ignorés. Pourquoi ne pas devenir le gardien de ces récits pour vos descendants ?


Des manuels scolaires aux récits de nos aïeux, il y a un fossé rempli d’histoires oubliées.


Qu’elles aient été oubliées par inadvertance ou délibérément passées sous silence pour diverses raisons, le résultat reste le même. Ce que l’on apprend à l’école suit une version unique de l’Histoire. Une version standardisée, souvent à mémoriser par cœur, qui nous semble parfois rébarbative, voire ennuyeuse pour certains, et qui peine à nous toucher, tant elle paraît éloignée de nos réalités.

Pourquoi cela ? Peut-être parce que cet enseignement manque de témoignages vivants, capables de nous impliquer et de nous émouvoir.

Soyons clairs : mon intention n’est pas de critiquer les programmes scolaires ou l’éducation nationale. Ces institutions jouent un rôle fondamental en organisant l’apprentissage et en rendant le savoir accessible à nos enfants – comme elles l’ont fait pour nous auparavant.

Cependant, prenons un instant pour y réfléchir…

N’avons-nous pas, à portée de main, les témoins les plus précieux et authentiques de l’Histoire ?
... à savoir nos propres ancêtres, qui l’ont réellement vécue ?

 


Voyons comment la généalogie peut s'avérer précieuse alliée de l'Histoire.



Généalogie, mémoire vivante : Témoignages et reflets de l’histoire oubliée

La généalogie ne se limite pas à l'élaboration d'arbres généalogiques remplis de noms et de dates. Elle ouvre une fenêtre sur le passé, offrant des récits vivants de nos ancêtres et reflétant l’histoire dans toute sa complexité. Souvent, l'enseignement scolaire ne présente qu'une partie des réalités historiques. Les témoignages de nos aïeux enrichissent cette fresque, révélant des perspectives méconnues ou oubliées. Ce devoir de mémoire est essentiel, car il permet de transmettre une histoire plus nuancée et humaine à nos descendants.

Les récits familiaux, souvent riches et émouvants, peuvent venir compléter la version scolaire, l’humaniser et redonner la juste place à certaines histoires oubliées. Ils nous offrent une perspective unique, celle du vécu, qui fait écho à nos propres expériences et nous permet de mieux comprendre les leçons du passé.

 


Quand les histoires familiales complètent ou corrigent l’Histoire officielle

Carte postale ancienne

Prenons l’exemple de la Première Guerre mondiale. Les manuels scolaires évoquent largement les tranchées et les grandes batailles, mais qu’en est-il du quotidien des familles restées à l’arrière ? En consultant des lettres de poilus, des généalogistes ont découvert des récits poignants d’agriculteurs tentant de maintenir leurs terres tout en écrivant à leurs proches au front.

Par exemple, les Archives municipales de Reims conservent 116 lettres ou cartes postales rédigées entre le 28 septembre 1914 et le 26 octobre 1915, offrant un aperçu précieux des conditions de vie des soldats et de leurs familles.

lien vers le site de Reims

28 septembre 1914 - Lettre de Lucien Pinet à son épouse Madeleine


Des voix oubliées qui enrichissent l’Histoire

Victor Schœlcher

La généalogie met aussi en lumière des histoires volontairement mises de côté.

Ainsi, par exemple, la traite des Noirs et l’esclavage en France sont longtemps restés absents des programmes scolaires.

Cependant, des familles antillaises ou réunionnaises, en retraçant leur généalogie, ont révélé des ancêtres esclaves ou affranchis.

En novembre 2022, les Dr. Corinne et Pierre Sainte-Luce, descendants d'esclaves, ont acquis aux enchères le journal  intime (vieux de 153 ans) de Victor Schœlcher, l'abolitionniste français, renforçant ainsi le lien entre histoire familiale et mémoire collective

Extrait du journal de Victor Schoelcher


Des histoires qui ne tomberont pas dans l'oubli

... grâce aux passeurs d'histoire

Les exemples sont bien trop nombreux pour être rapportés dans ce modeste article. Quelques noms cependant, pour étayer l'importance des récits et vécus familiaux grâce aux correspondances, journaux intimes et/ou biographies.

Simon Gronowski (né le 12 octobre 1931)

Le témoignage d’un survivant de la Shoah, Simon Gronowski, a été enregistré par ses petits-enfants et partagé dans des conférences pour sensibiliser les nouvelles générations à l’importance de la tolérance.

Témoin de la shoah auprès de la jeune génération, Simon Gronowski a survécu à la déportation en s'évadant du Convoi n° 20 du 19 avril 1943 qui l'emmenait à Auschwitz

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Simone Veil (1927-2017)

 

Simone Veil, née Simone Jacob était une magistrate et une femme d’État française.

Connue, entre autres, pour la loi Veil, loi dépénalisant le recours à l'interruption volontaire de grossesse (IVG), Simone Veil, née dans une famille juive aux origines lorraines, a été déportée à Auschwitz à l'âge de 16 ans, durant la Shoah, où elle perd son père, son frère et sa mère.

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Ses récits sont autant de témoignages.

Camille Claudel (1864-1943)

 

Acte de naissance de Camille Claudel retrouvé aux archives en ligne de l'Aisne - Lien ici (acte en page 88)

Collaboratrice du sculpteur Auguste Rodin, sœur du poète, écrivain et diplomate Paul Claudel, sa carrière est météorique, brisée par un internement psychiatrique forcé (durant 30 ans) suivi d'une mort quasi anonyme.

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Ses lettres de correspondance sont le reflet d'une époque et de l'univers psychiatrique.

 

Samuel Pepys (1633-1703)

 

Son journal est une source essentielle pour comprendre la vie quotidienne en Angleterre au XVIIᵉ siècle, couvrant des événements comme la Grande Peste, la deuxième guerre anglo-néerlandaise et l’incendie de Londres.

Son journal est un formidable outil pour les historiens.

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Flora Tristan (1803-1844)

 

Flora Tristan par Jules Laure

Flora Tristan, une militante féministe et socialiste française, est souvent négligée dans les manuels scolaires.

À travers et grâce à ses écrits, notamment son livre "L’Union ouvrière", elle a plaidé pour l’émancipation des femmes et l’unité des travailleurs bien avant Karl Marx.

Ses récits personnels, comme "Pérégrinations d’une paria", révèlent aussi les difficultés qu’elle a rencontrées en tant que femme dans un monde dominé par les hommes. Flora Tristan a notamment subit une tentative d'assassinat de la part de son mari.

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Zlata Filipović (née 3 décembre 1980)

Souvent surnommée "la Anne Frank de Sarajevo", Zlata Filipović a écrit, à l'âge de 11 ans, un journal intime durant le siège de Sarajevo, dans les années 1990, documentant la vie quotidienne d’une enfant au milieu de la guerre en Bosnie.

Son journal, publié sous le titre "Le Journal de Zlata", est devenu un témoignage poignant et universel sur les horreurs de la guerre contemporaine.

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Nella Last (1889-1968)

 

Anglaise ordinaire, Nella Last a documenté sa vie quotidienne pendant la Seconde Guerre mondiale dans des journaux intimes qu’elle a écrits pour le projet Mass Observation en Grande-Bretagne. Ses récits offrent une perspective unique sur la vie des femmes et des familles durant cette période, mettant en lumière des aspects de l’Histoire souvent ignorés par les récits officiels. Ces écrits ont été redécouverts et publiés sous le titre "Nella Last’s War".

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André Gide (1869-1951)

 

Écrivain français, son journal intime, tenu pendant plus de soixante ans, offre une introspection profonde sur sa vie personnelle, ses œuvres et les courants littéraires de son temps.

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La généalogie : Une mémoire collective, une richesse à préserver

Les exemples ci-dessus, ne sont que quelques exemples parmi des milliers, des millions, qui auraient tous eu leur place ici.

Ce que nous pouvons en retenir, c'est qu'en somme, la généalogie va bien au-delà des lignées familiales ...elle est une passerelle entre l’Histoire officielle et les vies oubliées.

Nous n'avons pas tous la chance de retrouver les écrits de nos aïeux, mais quand c'est le cas, ces récits, qu’ils confirment ou complètent ce que nous avons appris à l’école, sont autant de fenêtres sur une vérité plus complexe.

En consignant et en transmettant ces histoires, nous construisons une mémoire collective précieuse pour les générations futures.


Petite réflexion parallèle...

Nous avons, nous aussi, fait partie des "générations futures" et nous serons, sans nul doute, "les ancêtres de demain".

(Nous n'y couperons pas😉 )

Depuis que nous sommes nés, nous avons connu et traversé l'Histoire, avec son lot de surprises et d'éléments marquants.

 

Ne devrions-nous pas, à notre tour, devenir "passeurs d'Histoire", en laissant trace de nos différents vécus à destination des futures générations ... ?


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