Vous êtes fiers de vos tatouages et d'avoir résisté à la douleur des petites aiguilles ? Redescendez d'un cran 😉 et allez faire un tour chez vos ancêtres tatoués !

Nos Ancêtres et leurs tatouages : Entre marquage de groupe, punition et Œuvre personnelle
Les Traces de l’Histoire... sur la peau
Bien avant que les salons de tatouage modernes ne voient le jour, les tatouages, marques et stigmates ont marqué l’histoire de l’humanité. Nos ancêtres ne se faisaient pas encrer pour le fun : ces marques corporelles symbolisaient souvent bien plus que de l’esthétique.
Marqué pour la Vie, de l’Ancien Monde au XXIᵉ Siècle
Difficile de croire que nos ancêtres portaient eux aussi des tatouages, mais attention, on ne parle pas de petites roses ou de géométries artistiques ! Non, leurs marques étaient bien plus significatives et souvent bien moins choisies. Des tatouages de superstition aux marques de pénitence, en passant par les codes secrets des bikers ou de la mafia, l’histoire des tatouages révèle une étonnante galerie de pratiques, de rituels et d’appartenances. Et oui, chaque époque et chaque culture a ses motifs, ses procédés et ses symboles bien à elle.
Se faire marquer, une affaire de caractère !
Depuis l’aube de l’humanité, nos ancêtres n’ont pas attendu l’avènement des salons branchés pour graver sur leur peau des marques de tous genres. Pas d’encres colorées ni de dessins minutieux, mais des symboles aux fonctions très sérieuses, voire… redoutables. Du tatouage d’honneur au stigmate de honte, chaque marque avait sa signification.
Remontons le temps pour un tour d’horizon des tatouages et autres stigmates corporels de nos ancêtres, entre rituels, pratiques punitives et, bien sûr quelques marques d’appartenance.

Nos Ancêtres et les Tatouages
Marques de noblesse, d’infamie, d'appartenance et... aïe ! bobo !
Préhistoire et Antiquité
Les débuts du tatouage : Quand la médecine et les croyances s’invitaient sous la peau
Au tout début, pas question de se faire tatouer un symbole de renard ou un dragon au bas des reins. Les tatouages avaient des intentions presque exclusivement thérapeutiques ou spirituelles.
Les plus anciens tatouages connus remontent à environ 5 000 ans et ornaient les corps de nos ancêtres de l’âge de pierre. L’exemple le plus célèbre est sans doute celui d’Ötzi, l’Homme des glaces, découvert en 1991 dans les Alpes, et daté de 3 300 av. J.-C. Ötzi portait une soixantaine de marques, principalement sous forme de lignes parallèles et de croix, localisées sur des articulations douloureuses, laissant penser que ces tatouages servaient un but thérapeutique. Les chercheurs émettent l’hypothèse que ces marques représentaient des traitements similaires à l'acupuncture, visant à soulager des douleurs rhumatismales.
Une acupuncture avant l'heure, si on peut dire... sans les aiguilles ni les rendez-vous.
Tatouages antiques : Quand l’honneur côtoyait la honte
Les tatouages de l’Antiquité servaient également d’identification : des guerriers perses aux esclaves grecs, la marque donnait souvent un indice de statut. En Égypte, les tatouages semblent avoir été principalement féminins, ornant des danseuses et des prêtresses pour des raisons de protection spirituelle ou divine. En revanche, dans la Grèce antique et à Rome, les tatouages avaient une tout autre connotation. Ils signalaient souvent des marginaux. On les utilisait souvent comme marques punitives pour identifier les esclaves, les prisonniers ou les criminels, car, pour les Grecs, le tatouage ne représentait pas de signe esthétique mais plutôt un stigmate social. Et, pour ceux qui osaient fuir leurs obligations… on leur tatouait vite fait bien fait, "fugitivus" sur le front, histoire de bien souligner qu’ils avaient tenté de filer en douce.
Les civilisations anciennes ont donc laissé aux tatouages un héritage ambivalent
source : Journal of Archaeological Science, 2012. source : Archaeology Magazine, 2005. source : Classical Antiquity Journal, 2011.
Procédés et produits
Quand on se tatouait… à la suie !
Le pigment préféré des tatoueurs antiques ? La suie et le charbon, appliqués à l’aide d’outils primitifs comme des aiguilles en os ou des pointes de silex. Après quelques piqûres, le pigment imprégnait la peau. Pas très hygiénique, certes, mais extrêmement persistant.
source : Journal of Archaeological Science, 2012
Anecdotes
Ötzi et son kit de premiers secours.
Outre ses tatouages thérapeutiques, Ötzi portait également un kit de plantes médicinales, ce qui laisse penser qu’il savait qu’il aurait peut-être besoin de quelques "soins de secours" en cas de blessure.
source : National Geographic, 2017.
Les momies tatouées de l’ancien Pérou.
Ces mystérieuses marques sur des momies féminines datent de 2 000 ans av. J.-C. et, pour une fois, elles semblent purement décoratives ou rituelles. Ces tatouages, en forme de lignes et de points, étaient probablement d'ordre symbolique pour accompagner les défunts dans l'au-delà.
source : Antiquity Journal, 2014.
Marques de hiérarchie chez les Perses : Les soldats perses tatouaient leurs héros pour les honorer.
Seuls les guerriers d’élite recevaient des tatouages. C’était la médaille d’honneur d’alors, mais un peu plus permanent et certainement plus douloureux.
En revanche, les tatouages chez les esclaves servaient souvent à indiquer leur « propriété ».
source : The History of Tattoos, 1999.
Esclaves tatoués à Athènes : Dans la Grèce antique, les prisonniers et esclaves pouvaient être marqués d’un tatouage sur le front indiquant "Doulos" (esclave). Pas idéal pour fuir ou passer inaperçu en société…
source : Archaeology Magazine, 2005
Les guerriers maoris : À la même époque, dans les cultures polynésiennes, le tatouage était un rite de passage et un signe d’appartenance. Les tatouages faciaux, ou moko, servaient à affirmer le statut social et les accomplissements d’une personne.
source : Tattoo Anthropological Studies, 2021
Moyen Âge et Renaissance : Marquages Pieux et Punitions Corporatives

Le Moyen Âge : La marque du péché et l’interdiction religieuse
Interdictions et marques infamantes
Sous l'influence de l'Église, voyait les tatouages d’un très mauvais œil. Selon les écrits de l’époque, les marques corporelles étaient considérées comme des stigmates de péché, en particulier chez les criminels et hérétiques.
La plupart des tatouages occidentaux se faisaient dans un cadre religieux. Les pèlerins se tatouaient des croix pour montrer leur foi ou comme porte-bonheur. Toutefois, la plupart des tatouages servaient surtout à marquer les hérétiques, les criminels, voire les soldats déserteurs À l’époque médiévale, sous l’influence de l’Église, les tatouages étaient globalement mal vus et associés aux pratiques païennes (sauf si bien sûr vous vous faisiez marquer une croix pour rappeler votre foi et montrer que vous étiez un repenti). Les tatouages punitifs devaient en revanche se faire discrets.
La Renaissance et l’ère des explorations : Les tatouages reviennent au goût du jour
Premiers tatouages "modernes" des explorateurs
Avec les grandes explorations du XVIe siècle, les Européens redécouvrent les tatouages au contact des populations polynésiennes, amérindiennes et africaines, pour qui ces marques sont synonymes d’honneur et de beauté. Les explorateurs revenaient souvent tatoués, ramenant cette pratique en Europe où elle suscitait fascination et parfois horreur.
Procédés et produits
Marquages au Fer et Encres Végétales
À cette époque, le pigment était souvent fabriqué à partir de plantes ou de minéraux broyés. La couleur sombre de ces encres (et l’absence d’anesthésie) faisait que les tatouages restaient pour longtemps… et la douleur aussi !
Pour les pèlerins, des encres végétales appliquées avec des piqûres rudimentaires. Mais pour les criminels, un fer rouge gravé dans la chair faisait l’affaire… et laissait une trace indélébile !
source : Medieval Tattooing Practices, 2008.

Anecdotes
La marque des hérétiques : Au XIIIe siècle, l’Église exigeait que les hérétiques repentis portent une marque en forme de croix sur la main ou le front, leur rappelant leur faute et les "dangers" de s’éloigner de la foi.
source : Medieval Punishment and Justice, 2008.
Tatouages pour les marins : entre superstition et identification : Les marins commençaient à arborer des tatouages dès le Moyen Âge pour se protéger des dangers en mer. La croix tatouée sur le bras ou le torse servait non seulement de protection spirituelle, mais aussi d’identification, en cas de naufrage.
source : Maritime History Journal, 2015.
Le retour de Cook et des tatouages polynésiens : Le capitaine James Cook revient de Polynésie avec des tatouages exotiques, provoquant la curiosité des Européens, mais aussi l’indignation des autorités religieuses.
source : Cook’s Voyages and the Introduction of Tattoos, 2013.
Les nobles et les premiers tatouages esthétiques : Au XVIIIe siècle, certains aristocrates, influencés par l’exotisme, adoptent des tatouages décoratifs, une grande nouveauté pour l’époque. Les plus téméraires n’hésitent pas à se faire marquer discrètement, déclenchant quelques scandales de salon !
source : Tattoo History: A Source Book, 1998.
Les criminels marqués au fer rouge : En France, les criminels condamnés étaient marqués au fer rouge d’une fleur de lys. Moins artistique qu’un tatouage, certes, mais tout aussi indélébile.
source : Medieval Punishment and Justice, 2008.
Le XIXe siècle et le XXe siècle : L’ère moderne et l’évolution du tatouage

Tatouages identitaires et artistiques
Le tatouage devient progressivement un moyen d’afficher des affiliations et des convictions. Tandis que les marins continuent d’arborer des symboles religieux et patriotiques, des groupes particuliers adoptent le tatouage comme marque d’appartenance : les bikers, la mafia russe, les gangs et même les militaires.
Au XIXe siècle, dès le début des années 1800, les tatouages gagnent en popularité auprès des marins et soldats qui arborent fièrement des tatouages patriotiques. Les classes populaires commencent également à adopter des tatouages "patriotiques" ou symboliques.
Le XXe siècle marque la transformation complète du tatouage : il passe de la marginalité à l’expression artistique.
Au début du XXe siècle, la technique de tatouage se développe et les tatouages deviennent progressivement des œuvres d’art. On oublie les tatouages imposés (ou presque), et on commence à valoriser la créativité. On observe également que les tatouages deviennent un peu plus doux : fleurs, paysages, animaux et symboles remplacent les marques de honte ou d'identification criminelle. Ce sont les militaires qui, dans les années 1900, popularisent le tatouage en France, revenant du front avec des symboles patriotiques et des souvenirs gravés sur la peau.
source : Military History Journal, 2010.

Procédés et produits

Aiguilles et débuts des machines à tatouer
Les tatouages s’éloignent du simple pigment végétal.
L’invention de la machine à tatouer (1891) révolutionne l’art : elle permet un tracé plus précis et des motifs plus détaillés.
le tatouage devient également plus rapide.
L’éventail de motifs s’élargit, permettant des dessins plus artistiques et moins douloureux.
source : Tattoo Machine Invention Archives, 2010. source : History of Tattoo Machines, 2009.

Anecdotes
Les tatouages dans l’armée : Les soldats de la Première Guerre mondiale se font tatouer leur matricule militaire pour éviter d’être enterrés dans une fosse commune en cas de décès au front.
source : Military History Journal, 2010.
Les tatouages dans la Résistance : Durant la Seconde Guerre mondiale, certains membres de la Résistance se faisaient tatouer de petits symboles comme signes de ralliement, même si cette pratique était risquée.
source : Historical Journal of WWII, 2015.
Tatouages patriotiques et militaires : Les soldats américains se font tatouer des drapeaux, des aigles, et le fameux « Born to Die » sur le bras, un clin d’œil à leur engagement total pour la patrie.
source : American Military Tattoo Heritage, 1973.
Avant de terminer par le tatouage au XXI ème siècle, faisons un petit détour... dangereux.
(ou pas)
Les marques mafieuses, criminelles ou d'appartenance

De la Dissuasion à l’Identification Clanique
Le tatouage joue un rôle central dans la culture de certains groupes criminels, devenant un langage codé pour les affiliés, en particulier pour la mafia russe et les yakuzas japonais. Chacun de ces groupes utilise des symboles distincts, propres à leur culture, pour signifier le rang, l’expérience, ou les actes criminels.
Les membres de clans mafieux et de groupes criminels se reconnaissent souvent par leurs tatouages. En Russie, par exemple, les tatouages des prisonniers et des membres de la mafia soviétique sont un véritable langage : un œil tatoué sur la poitrine signifie "je vous surveille", et une cathédrale sur le dos indique un statut de "roi" dans l'univers carcéral. Les Yakuza japonais, quant à eux, arborent des tatouages traditionnels sur tout le corps, excepté les mains et le cou pour pouvoir dissimuler ces œuvres d’art dans la vie de tous les jours.
Procédés : Tatouages Symboliques et Encrages Cachés
Les tatouages mafieux sont souvent faits en secret, parfois dans des conditions rudimentaires pour éviter d’être découverts par les autorités. Les motifs sont choisis avec précision : chaque symbole a un sens bien défini, qui s’adresse à ceux « qui savent ».
source : Russian Criminal Tattoo Encyclopaedia, 2003.
Anecdotes : Des messages à (ne pas) décrypter
La mafia russe : Les étoiles tatouées sur les genoux indiquent un refus d’obéissance (« Je ne m’agenouille devant personne »), tandis qu’un poignard sur le cou peut indiquer un acte criminel majeur.
source : Russian Criminal Tattoo Encyclopaedia, 2003.
L’œil qui voit tout : Dans les prisons russes, les détenus arborent des tatouages d'yeux pour rappeler leur méfiance constante. Un avertissement pour les nouveaux venus, en quelque sorte. "On te surveille !"
source : Russian Criminal Tattoo Encyclopaedia, 2003.
Les yakuzas japonais : Un dragon symbolise la bravoure et le pouvoir, tandis qu’un koi (carpe japonaise) représente la persévérance. Les tatouages yakuza recouvrent souvent tout le corps, dans un style graphique élaboré, un vrai langage visuel codifié.
source : Yakuza and Tattoo Culture Studies, 2018.
Les bikers : Les Aigles et les Crânes : Dans les années 1940, les motards américains de retour de la guerre se tatouent des crânes, des aigles et des emblèmes de liberté, revendiquant ainsi leur culture « hors-la-loi ». C’est leur façon de dire qu’ils se démarquent des « citoyens ordinaires ».
source : American Motorcycle Culture Journal, 1980.
XXIᵉ siècle : L’Âge de l’Expression Personnelle pour tous
(ou presque)

Les statistiques en 2024 (*) montrent qu'environ 25 % des adultes en France ont au moins un tatouage, et l’âge moyen des premiers tatouages baisse constamment.
De nos jours, le tatouage a changé de visage.
Aujourd'hui, il est rarement stigmatisé et de plus en plus de personnes, de tous âges, professions et milieux, portent des tatouages.
Les raisons sont multiples : expression de soi, hommage à un proche, esthétique, voire revendication politique.
Le tatouage a également commencé à prendre une nouvelle dimension.
En effet, là où la chirurgie reconstructive ne peut réparer, là où les traitements lourds entraînent des effets secondaires très impactants, il mêle esthétisme et reconstruction psychologique auprès des femmes atteintes du cancer.
Il permet de cacher ou de faire oublier des cicatrices, enjolive le crâne de celles qui ont perdu leurs cheveux, et s'efforce parfois de donner l'illusion 3D sur ce qui n'est plus.
Le tatouage acquiert ainsi, non seulement des vertus thérapeutiques, mais aussi ... ses lettres de noblesse.
source : Ifop, 2024.
Procédés modernes

Aiguilles à haute précision et encres colorées
Aujourd’hui, les encres sont testées dermatologiquement (heureusement), et les machines à tatouer sont conçues pour minimiser la douleur et le saignement, loin des outils primitifs d'autrefois. En prime, une multitude de couleurs et de techniques permettent des créations d’une finesse artistique inédite. Des techniques comme le « dotwork » et le « blackout » sont aujourd’hui très prisées, offrant des résultats visuels innovants
source : Tattooing Today, 2023.

Tatouages minimalistes et géométriques : Depuis les années 2010, les motifs simples, comme les lignes et les symboles abstraits, sont en vogue. Contrairement aux bikers ou aux mafias, il n’y a ici aucun message caché – juste une appréciation esthétique !
source : Modern Tattooing Trends Journal, 2020

Les tatouages hommage et mémoire : Beaucoup de personnes choisissent des symboles pour honorer un proche décédé, une passion ou un animal de compagnie. Certains optent même pour des tatouages communs avec leur conjoint, enfants ou amis.
source : Tattoo Remembrance Studies, 2022

Les tatouages "message"
En sous-entendu ou au contraire clairement affichés, certains tatoués choisiront d'inscrire des messages textes revendicateurs ou... d'ordre spirituel. Il en va de même avec le choix des motifs dessinés.
Les tatouages, une ode à la personnalité "unique"

Avoir une partie de son histoire gravée dans la peau, un tatouage qui "parle" selon la personnalité ou la sensibilité propre à chacun, ou bien encore un tatouage choisi uniquement selon son esthétisme, fait des personnes tatouées, des personnes "uniques".
De fait, il est pour ainsi dire impossible, de rencontrer autrui, ayant choisi de conter sur sa peau... la même histoire.






À un degré autre, il en allait de même pour nos ancêtres.
Tatoués ou pas, ils ont tous été uniques
et... ils ont tous eu des histoires de vie "uniques"
Cela ne vous donne pas envie de découvrir qui étaient vos ancêtres ?
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