Vos ancêtres, les premiers influenceurs : Découvrez le crieur public

Imaginez un monde sans journaux, sans radio, sans Internet. Comment annoncer la dernière nouvelle importante ?
Spoiler : un homme, une cloche, et beaucoup de volume !
Avant que Twitter n'existe, c’était le crieur public qui se chargeait de diffuser l’information.
Avec une grosse voix et parfois une cloche à la main, il arpentait les rues pour annoncer les dernières nouvelles, souvent royales ou religieuses.
Si vous aviez raté son passage, pas de chance : il n’y avait pas de replay
Découvrez l’étonnante histoire des crieurs publics, les 'influenceurs' de vos ancêtres."
(... ou peut-être l'un de vos ancêtres)
Le crieur public : La voix de nos ancêtres dans les rues !
Il est 6 heures du matin, vous dormez paisiblement, mais voilà que résonne dans la rue : « Oyez, oyez, braves gens ! Demain, le marché aura lieu sous les halles. Venez nombreux ! »
Bien avant l’apparition de la presse, de la radio ou encore de l’Internet, c’est le crieur public qui faisait office de messager officiel. Personnage central de la vie de nos ancêtres, il était chargé d’informer la population des nouvelles importantes et des décrets royaux.

Un métier qui remonte à l’Antiquité
Le rôle du crieur public n’a pas attendu le Moyen Âge pour devenir essentiel. En effet, les premiers crieurs publics apparaissent dès l’Antiquité. Chez les Romains, les "præcones" faisaient office de porte-parole officiel, que ce soit pour annoncer des festivités, des décisions politiques, ou même pour vendre des biens aux enchères. Ces ancêtres du crieur médiéval étaient souvent des personnages influents, car ils étaient au service des magistrats et de l’empereur.

En Grèce antique, les "keryx", crieurs solennels, étaient chargés d'annoncer les messages officiels des autorités, notamment lors des Jeux Olympiques ou des fêtes religieuses.
Leur voix portait loin, mais pas aussi loin que l’écho de leur importance dans la société !
Anecdote : Le marathon des crieurs grecs (Légende)
Selon une légende grecque, certains crieurs étaient choisis pour leur endurance. Il paraît que certains d'entre eux devaient parcourir de longues distances à pied pour transmettre des nouvelles d'une ville à l'autre. Une sorte de marathon de la voix, avant que le véritable marathon ne devienne un sport !
Le crieur public au Moyen Âge : L'incontournable des villes
Le crieur public prend toute son importance durant le Moyen Âge.
À cette époque, peu de gens savent lire ou écrire, et la communication se fait principalement de manière orale.
Le crieur est alors le principal relais de l’information entre les autorités locales et la population.
Il se tient généralement au centre du village ou sur les marchés, monté sur un banc, une estrade, ou parfois même à dos de cheval, pour mieux dominer la foule.

Son rôle ne se limite pas aux annonces officielles.
Il informe aussi de la vie quotidienne : des objets perdus, des mariages, des décès, ou encore des "ordonnances royales" qui régissent la vie des citoyens.
Le crieur public est souvent accompagné d’un tambour, d’une cloche ou même d’une trompette pour capter l’attention de ses concitoyens.
Anecdote : Le crieur du roi Louis XI (Fait historique)
Le roi Louis XI avait une confiance aveugle en ses crieurs publics, à tel point qu’il les envoyait parfois à l'étranger pour annoncer des messages diplomatiques. En 1470, l’un d’eux, nommé Jacques le Chanter, aurait ainsi traversé la Manche pour porter un message d’avertissement au roi d’Angleterre. On peut dire que c’était le précédent des ambassadeurs, mais avec une cloche à la main !
Source : Pierre Champion, Louis XI : La restauration de l'autorité royale en France, Éditions Tallandier, 1936
Un poste parfois convoité et parfois à risque
Être crieur public n’était pas qu’une simple fonction. Il fallait avoir une voix forte et un sens de l’autorité pour s’imposer. Mais attention, c’était un métier à double tranchant. Le crieur portait des nouvelles parfois impopulaires, comme des hausses d’impôts ou des conscriptions obligatoires.
Il arrivait donc que le messager subisse les foudres de la foule, comme s’il était responsable du contenu de ses annonces !

En revanche, certains crieurs publics se sont fait un nom, littéralement.
Il n’était pas rare que des villes ou des bourgs fassent figurer leur crieur parmi les personnalités importantes de la cité.
Après tout, ils représentaient la voix des autorités et du pouvoir
Anecdote : Le crieur cocu de Bruges (Légende)
Une vieille légende raconte qu’à Bruges, au XVIe siècle, un crieur public avait été forcé d'annoncer sa propre infidélité à toute la ville, sur ordre des autorités locales. Sa femme avait fait une réclamation auprès du conseil de la ville, et la sentence fut cruelle : il dut crier sa propre honte ! Vérité ou simple plaisanterie locale ? Difficile de trancher, mais l’histoire a traversé les siècles
Les crieurs au XIXe siècle : Une espèce en voie de disparition
Au XIXe siècle, avec l’apparition des gazettes et des affiches murales, le métier de crieur public décline peu à peu.
Les nouvelles technologies de communication prennent le dessus, et le crieur se retrouve relégué à des annonces locales ou festives.
Cependant, dans certaines régions rurales, il reste encore un acteur clé de la vie sociale, au moins jusqu'à la fin du siècle

Des crieurs publics ont même continué d'exercer jusque dans les années 1930, notamment dans les villages.
Dans ces petites localités, où la distribution de journaux était limitée, le crieur restait essentiel pour diffuser des informations rapidement et à un grand nombre de personnes.
Anecdote : Le dernier crieur de Londres (Fait historique)
John Nichols, dernier crieur public officiel de Londres, a exercé son métier jusqu’en 1914. Il était payé pour annoncer des événements tels que des ventes aux enchères ou des courses de chevaux. Bien qu’il fût un personnage central dans son quartier, il fut contraint de prendre sa retraite à cause de l'essor des journaux bon marché
Source : Edward P. Thompson, Customs in Common: Studies in Traditional Popular Culture, The New Press, 1993.
2024 - Un métier qui refait surface… pour le folklore !
Aujourd’hui, certains villages et villes font renaître la tradition du crieur public lors de manifestations culturelles. Des festivals et événements locaux invitent des comédiens à jouer le rôle de crieur pour amuser la foule.
Avec leur tambour, leur cloche et leur voix tonitruante, ils rappellent aux spectateurs un temps où...
les nouvelles ne se lisaient pas… mais se criaient !

Le crieur public a peut-être disparu avec les journaux et les nouvelles technologies, mais qui sait… en fouillant bien dans vos archives familiales, vous pourriez découvrir que l'un de vos ancêtres était peut-être un influenceur... bien avant l'heure.

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